Travaux manuels

Entendons-nous bien: je suis très heureuse de faire des disques. Chacun appelle le suivant et j’aimerais même en faire plus!

Mais dans la réalisation d’un disque il y a un moment que je déteste et qui devrait, en bonne justice, me valoir l’amnistie d’au moins trois péchés mortels: c’est la finalisation, forcément à la dernière minute (1), des textes et autres documents à transmettre à la maquettiste.


On relit jusqu’à ne plus rien voir et fixer l’écran avec un beau regard de lobotomisé. On se réveille en sursaut la nuit, tout à la crainte d’avoir oublié de citer quelqu’un qui ne vous le pardonnera jamais. On s’arrache les cheveux (pour mieux les couper en quatre) à déterminer le bon usage et le bon dosage du bi- et du trilinguisme. (2) Vous souvenez-vous de la scène du cauchemar de Blanche-Neige dans la forêt? Les dernières vérifications à faire (“et ce nom de lieu, je n’ai jamais pensé à chercher ce que ça pouvait être”, “alors, cet air était sur la vieille cassette bleue, mais où est la liste de la vieille cassette bleue?”, “et lui, il n’y aurait pas deux L à son nom?”), c’est un peu ça: ça surgit de tous côtés, avec des têtes à la Munch et une supériorité numérique au-delà de tout espoir. (Inutile de dire que c’est aussi le moment où la souris de l’ordinateur commence à rendre l’âme, faisant du traitement de texte un palpitant jeu de hasard.)


Bref, je suis en train de boucler la matière première du livret du prochain Loened Fall. Et faut pas m’embêter, scrogneugneu.


Ça s’annonçait pourtant plein de tendresse:




J’ai l’honneur de vous présenter les figurants de la future couverture. Faits maison: chanteuse, c’est un sport complet.


Allons, plus que quelques heures de labeur et je redeviens un être humain socialisé et bien élevé.



(1) Attention, hein, je n’ai pas dit que je commençais à la dernière minute – FINIR à la dernière minute, c’est déjà suffisant…


(2) On m’objectera que de nombreux disques paraissent avec des livrets méchamment torchés sans que la face du monde en soit changée. C’est vrai. Mais il se trouve que j’ai envie que la face de ce livret, elle, soit le plus avenante possible. Vous le valez bien, et la musique bretonne aussi.