* “Solitaire” à Guingamp vendredi 14

Après la création à Lamballe vendredi dernier, “Solitaire” de la chorégraphe Christine Rougier, “solo à deux têtes” pour un danseur-qui-chante (Mathias Groos) et une chanteuse-qui-bouge (devinez qui?) avec un musicien-dans-l’ombre (Michel Bertier) sera à Guingamp au Théâtre du Champ au Roy ce vendredi. Le bonheur des répétitions ne s’est pas démenti, et si le ciel voulait bien m’accorder de travailler dans ce genre d’ambiance pour le restant de mes jours je ne mégotterais pas sur les ex-votos!  Et surtout, “Solitaire” est, je crois, un beau et singulier spectacle, plein d’une puissance qui a l’élégance et la sagesse de ne pas désespérer. Et cette puissance, cette élégance et cette sagesse me rendent – bêtement, enfantinement – fière d’en faire partie.


Quelques petites images, grâce à Cécile Pelletier, auteur des costumes.

Devant la boîte à vent:






Je crois que je n’ai jamais de ma vie passé autant de temps dans un costume que dans cette robe: je répète avec quasiment depuis le début. C’est une sorte de chef-d’oeuvre de Cécile: un vêtement qui paraît contraignant et hiératique, avec ses paniers, son corsage et son ampe jupe, tout en étant en fait d’un confort absolu, d’une légèreté étonnante et d’une solidité proprement admirable – car elle en fait, des choses! Elle devient arme, montgolfière, ailes, elle chante, crie et rugit, elle vole, elle meurt, elle affronte les tempêtes…  (Et quand je dis “elle chante” ce n’est pas une figure de style: je chante, mais elle aussi.)



“Alors, encore une autre proposition artistique, Marthe?” m’a demandé quelqu’un l’autre soir. Oui et non. “Solitaire”, c’est le monde de Christine, et il se trouve juste que j’ai la chance inouïe d’y avoir été invitée. Cela s’inscrit, et comment! dans mon propre parcours et mes propres explorations, mais c’est aussi, d’un autre côté, la joie de travailler à autre chose que mon seul discours de “Marthe Vassallo, chanteuse”. Vous me voyez là, en quelque sorte, en vacances de moi-même, de l’identité d’interprète et d’auteur (1) sur laquelle vous et moi nous mettons, d’ordinaire, plus ou moins d’accord. Dans un travail où tout ce que j’ai pu faire auparavant n’a de sens qu’en tant que matière première et savoir-faire. Et en même temps, que de trésors il me semble que je vais en rapporter…



(1) Oui, avec le temps j’ai appris à assumer de me dire “artiste”, mais j’ai encore un peu de mal avec l’appellation “créateur”. ‘Faut que je vieillisse encore un peu…