*« Les fantômes sont des choses qui arrivent »  

C’est le titre de mon nouveau spectacle solo, qui verra le jour le 9 juillet prochain au Hameau de Pont Calleck à Berné (56). Je dis en souriant que c’est un spin-off de Maryvonne La Grande , mais ce n’est pas qu’une plaisanterie : même s’il sera très différent, ce spectacle naît de l’expérience de Maryvonne, d’une part dans son format (un solo raconté et chanté, pensé pour le hors salle et l'extérieur, même s’il ne sera pas forcément déambulatoire et s’il ne sera pas, hélas, aussi waterproof que sa grande sœur !), d’autre part dans son propos, où l’on retrouvera Maryvonne Le Flem et son monde. L’expérience de tourner Maryvonne, avec la forte présence de son personnage principal, est aussi à l’origine de l’envie de ce projet, en même temps que la lecture du n°69 de la revue d’anthropologie Terrain (coordonné par Grégory Delaplace), qui a cristallisé mon intérêt de très – TRES –  longue date pour ce sujet. Si vous le lisez, et je vous le conseille, vous y trouverez aussi l’origine du titre du spectacle, que j’ai emprunté non sans demander la permission ! 

Je pourrai bientôt en reparler ici plus en détail et en images. En attendant, voici le texte officiel de présentation. (Oui, c’est moi qui l’ai écrit, comme d'hab ; voui, écrit à la troisième personne ; ça fait partie du job !)  



LES FANTÔMES SONT DES CHOSES QUI ARRIVENT

Texte, récit, chant  : Marthe Vassallo

sous le regard d'Hervé Lelardoux


Y croire ou ne pas y croire ? Là n'est pas la question. Marthe Vassallo propose d’écouter, tout simplement, les histoires de ceux qui rapportent avoir rencontré des fantômes : comme des expériences humaines où se dessine le monde des vivants, leurs faims et leur générosité, les pleins et les creux de leur mémoire, leurs arrangements intimes avec la mort et les morts. Un spectacle en récits et chansons, chaleureux et émouvant, qui fait corps avec le lieu qui l’accueille.

Un empereur du XIVe siècle entend marcher dans sa chambre ; une adolescente vietnamienne noue une relation profonde avec une petite victime de guerre ; un noyé breton apparaît à sa veuve ; un russe émigré voudrait enfin savoir pourquoi tout le monde fuyait son ancien appartement ; une sexagénaire guette un signe de son grand amour… Et en tant que chanteuse traditionnelle bretonne, Marthe Vassallo interprète des chansons où de discrets fantômes ne se montrent qu'à qui sait les chercher. Raconté à la première personne ou rapporté par les anthropologues et autres enquêteurs (le titre même du spectacle est emprunté à l'un d'eux, Grégory Delaplace), chaque récit répond aux autres dans un dialogue poétique, déroutant, bouleversant, cocasse aussi parfois. Le lieu de représentation n'est pas en reste : lui aussi a des histoires à raconter, et le spectacle est chaque fois repensé à ses mesures.

Les fantômes font partie de toutes les cultures ou presque, ils en reflètent la diversité ; ils révèlent aussi la force des individus, leur créativité et souvent leur insoumission. « Le mot auquel je reviens toujours, dit Marthe Vassallo, c'est celui d’irréductible. Le fantôme est le débordement par nature, il ne peut jamais être tout à fait contenu : ni dans la psychologie, ni dans la religion, ni dans l'ethnographie… Chassez-le par la porte, il revient par la fenêtre, dans un inextinguible besoin humain de refuser les limites. Et en travaillant sur ces histoires, j'ai été frappée de voir combien souvent cette rébellion est mue par l'amour, la solidarité. Les histoires vécues de fantômes donnent souvent à découvrir le meilleur des vivants, leur liberté, leur fraternité. Elle nous apprennent aussi à regarder au-delà d’elles-mêmes : pas besoin de suaires au vent ni de chaînes qui grincent pour que les morts soient présents tout autour de nous, dans les murs, les talus, les champs, les chansons, l'histoire collective… Prêter l'oreille aux histoires de fantômes sans y chercher de certitudes, c'est accepter de laisser un peu poreuses les frontières entre le matériel et l’immatériel ; entre l'objet, le corps et la mémoire ; entre la pierre, la culture et le sentiment. C'est une expérience troublante, mais étonnamment réconfortante : ce qui éclate dans ces histoires de morts, c'est la vie. » 


Une production Fur ha Foll/ Le Logelloù,

avec le soutien du Département des Côtes d’Armor et de la Région Bretagne.

Contact tournée : Big Bravo Spectacles, 02.96.70.86.99 / 06.75.25.08.91 contact@bigbravospectacles.com