Le mot de la concierge

Toujours compliqué, d’écrire ici, ces derniers mois ! Même à l’instant où je tape ceci, il y a quelque chose de… en anglais, je dirais « quaint », pittoresquement désuet, à écrire une page de blog, impliquant la présomption qu’elle soit lue. Entre les moments de pur flou et l’espèce d'orgie de protestation que suscitent ensemble le poids de la crise sanitaire, les enjeux électoraux imminents et le manque de vie sociale et culturelle, le monde entier semble ne plus parler qu’un langage de jugements lapidaires et de condamnations insultantes – quoique dûment entrecoupées de photos de chatons. Facebook & Co révèlent, plus que jamais en ce moment, quel piètre ersatz ils font pour la conversation autour d’une table ou d’un comptoir : ensemble dans la même pièce, on a le temps d’échanger pour de bon, de se reprendre, de réagir finement au propos de l’autre, bref, d’avancer et même de se pardonner d’avoir des angles de vue différents, tandis que les réseaux sociaux sont le lieu de la parole sans écoute, où chacun est condamné à persister et signer jusqu’à trouer le papier et le bureau. Dans ce climat, il devenait tantôt compliqué de filer un propos cohérent, tantôt indélicat de venir parler de mon travail quand tant de collègues en manquent et occupent des théâtres pour (entre autres) le rappeler, tantôt écœurant d’avance d’envisager de faire part de mes propres fatigues et de mes propres colères dans cette Grande Bouffe du mécontentement – si légitime puisse-t-il être. 

Il y a pourtant bel et bien un été qui se profile, avec plusieurs beaux chantiers dedans (à commencer par la création du Notre-Dame des Flammes de Thierry Machuel le 25 juin prochain, pour les 30 ans de l’ensemble Diabolus in Musica, à Tours et en direct sur France Musique),   et il est plus que temps de l’annoncer ici, vaille que vaille ! Même si la suite de l’histoire se perd encore dans les brouillards du moment… (Et même si, j'insiste, le fait que j’aie, moi, du boulot jusqu’aux amygdales cet été ne signifie hélas pas que la reprise soit là pour de bon. D’une part, ceux de mes collègues dont le travail est centré sur la fête ou sur les grosses scènes musicales sont encore tout bonnement au chômage technique ; les mois à venir vont être marqués par une inégalité cruelle parmi les artistes et autres travailleurs du spectacle, suivant que leurs formes d’expression passent ou non les restrictions en vigueur – toujours drastiques, hélas, non sans raison. D’autre part, ceux qui, comme moi, auront la chance d’aller sur scène vont se retrouver, eux, à crouler sous le travail effectif : ces concerts supposeront souvent un lourd effort d’adaptation aux circonstances, donc de préparation, là où un été normal est plutôt une période de moisson des créations déjà réalisées, sur un rythme de croisière soutenu, physiquement lessivant mais intellectuellement reposant.) 

Je commence donc par actualiser l’agenda. Ce n’est toujours pas une mince affaire, certaines dates étant loin d’être stables ne serait-ce qu’à J-30 ; mais baste, allons-y, les mises à jour ne sont pas inventées pour les caniches !

En parlant de mise à jour, une qui va finir par s’avérer inéluctable, c’est celle de ce site. Appelons un chat un chat, une refonte totale s’impose, et s’impose d’autant plus que le logiciel que j’utilise est dorénavant promis à la vétusté – et puis cet habillage date de 2014-15, il va être temps de vous montrer mes nouvelles rides ! Mais l’illusion de ma jeunesse éternelle (tu parles, ajoute-t-elle in petto, à 19 ans j’avais déjà l’air de friser la quarantaine) va devoir se prolonger encore un peu : ce n’est pas ces temps-ci, alors que les jours de travail retardés par les confinements me tombent sur le nez comme le contenu de l’armoire de Gaston Lagaffe sur Prunelle, que je vais pouvoir acquérir des compétences dans le désormais inévitable Wordpress…