* “Solitaire”: dernière semaine de répétitions

J’attendais d’avoir des photos décentes pour en faire un courrier, mais comme tout se ligue, y compris – et surtout –mon étourderie, pour m’empêcher de les rapatrier, tant pis, elles voyageront à part! Toujours est-il que, depuis dix jours, nous avons repris les répétitions de “Solitaire”, le spectacle de la chorégraphe Christine Rouger (où je chante… et danse – comme une non-danseuse peut danser, bien sûr!), en vue de la création vendredi 7 mars prochain à Lamballe. C’est toujours la fête? C’est toujours la fête.


C’est la fête parce que je crois que ça va être un beau spectacle; parce que je me réjouis toujours autant de participer et d’assister de près à un type de travail auquel un parcours de chanteuse ne mène normalement pas; parce qu’il règne dans notre petite équipe un climat de respect et d’amitié à la limite du répugnant… Et, parmi de nombreux autres “parce que”: parce que, danse oblige, nous répétons beaucoup et longtemps.


On a tendance à se reposer, en musique (tous genres confondus ou presque), sur le travail individuel en amont de la répétition: la pure compétence instrumentale et musicale et/ou la préparation personnelle de la pièce à jouer. La première a même parfois une regrettable tendance à prendre le pas sur la seconde!  En tous cas, il n’est pas rare de considérer la répétition comme une simple phase d’assemblage, d’autant plus rapide qu’on aura fait appel à de bons ouvriers.


C’est vrai que cet assemblage peut être rapide, mais de performance en performance (et de coupe budgétaire en gel de subventions!) on en vient parfois à sous-estimer dangereusement le temps nécessaire; en ce cas, si les ouvriers sont vraiment bons ils fourniront ce qu’il faudra d’énergie pour que le résultat ressemble tout de même à quelque chose, mais cette énergie se paiera sur celle qui nourrit la beauté de l’ensemble. En clair: un bon musicien fera un concert satisfaisant (pour autrui!) même s’il doit garder un œil sur ses notes et l’autre sur le leader pour savoir comment le morceau va finir, mais le même concert serait autrement plus beau si l’interprète pouvait jouer sans strabisme et les fesses desserrées! (Et par pitié ne me ramenez pas la “beauté de l’urgence”, l’“insécurité féconde” et autres vieux saucissons, sinon je vais encore m’énerver…)


Ici on est loin de tout ça: le corps ne s’accommode pas des parcours du combattant que nous imposons à nos cerveaux; et surtout on ne travaille pas une chorégraphie seul dans son salon! Il faut donc répéter au sens le plus littéral, tester, trier, intégrer, prendre le temps de se faire des petits circuits imprimés sans bavures. (A fortiori pour quelqu’un comme moi, aussi entraîné physiquement qu’un Winston Churchill en vacances.)


…Et j’adore ça. Avoir le temps de se construire un passé avec un spectacle avant de le montrer. Le temps de comprendre, de réfléchir, et aussi de ne pas réfléchir, juste s’imprégner sereinement et laisser l’infusion se faire…