Paresse par procuration

Ça y est, le mix du 3e album de Loened Fall est commencé! Longues journées – mais franchement le mixage est un moment que j’adore, où l’on nage à la fois dans l’abstraction totale et dans la réalisation la plus concrète qui soit.

Journées denses, passionnantes… et longues! Et quand je rentre dans mes foyers, c’est pour affûter les outils en prévision des concerts de début février, avec Gilles Le Bigot à Glasgow, Eric Le Lann à Brest et André Markowicz à Quimper. Bref, si l’oisiveté est mère de tous les vices, ma vertu ne craint plus rien pour les semaines à venir!


C’est pourquoi je charge le sieur Marc-Antoine de Saint-Amant (1594-1661) de maintenir vive la Flamme de la Sainte Flemme pendant que pour ma part je trottine allègrement entre four et moulin:



Le Paresseux


Accablé de paresse et de mélancolie,

Je rêve dans un lit où je suis fagoté,

Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,

Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.


Là, sans me soucier des guerres d’Italie,

Du comte Palatin, ni de sa royauté,

Je consacre un bel hymne à cette oisiveté

Où mon âme en langueur est comme ensevelie.


Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,

Que je crois que les biens me viendront en dormant,

Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine,


Et hais tant le travail que, les yeux entr’ouverts,

Une main hors des draps, cher Baudouin, à peine

Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.



(in “Poètes Délaissés”, Pierre Dauzier et Paul Lombard, Editions de la Table Ronde – une anthologie enthousiasmante dont je sème des exemplaires autour de moi depuis des années. Tenez, je ne vous donne même pas de lien Internet: si jamais votre libraire ne connaît pas encore cet admirable bouquin, vous lui rendrez doublement service en allant le lui demander!)