“La chanteuse, l’infini etc.” 2: on pê-hê-herceuh…

Le titre ci-dessus (fine allusion à un monumental “Tango des perceurs de coffre-fort” signé Boris Vian, immortalisé par les Frères Jacques, et que je ne saurais trop vous conseiller), est à prendre au sens le plus littéral: Lydia Domancich et moi venons de consacrer une partie de notre soirée à perforer, au moyen d’une petite pince façon poinçonneur des Lilas, des bandes de carton pour une boîte à musique à manivelle qui figure au menu du spectacle à venir. Exaltant labeur du compositeur en pleine production de confettis.

Bref, ça bosse. Mais ça bosse en bonne compagnie, comme en atteste la photo ci-jointe (merci à Philippe Jaquet, le maître de maison du centre de vacances de Port-Blanc où nous répétons, pour son accueil et pour ses images!): de gauche à droite, Messires Gérard Lhomme (ingénieur du son), Patrick Ewen (conteur, musicien, qui a eu la gentillesse d’accepter d’être le “regard extérieur” dans cette affaire) et Philippe Ollivier (musicien-ingé-son-soutien-technique-artistique-moral-et-j’en-passe, et auteur avec Christophe Baratay d’un fabuleux logiciel de boucles sonores)… Et s’ils n’ont pas l’air d’être à la fête, c’est qu’ils assistent à la naissance, que dis-je? à l’échographie d’un spectacle. Pour l’instant ça ne ressemble pas à grand-chose, ça tâtonne, ça patauge, ça avance un doigt de pied timide quand il faudrait faire un large pas, c’est au spectacle final, disons, ce que la patate maladroitement déterrée est à la vodka. Et pourtant à la fin de chaque jour de répétition on mesure la transformation: tel parcours sinueux est devenu trajectoire logique, telle chanson qui vacillait sur des papattes graciles se tient maintenant bien droite… C’est terrifiant, passionnant, et plein d’autres choses en -ant… Hilarant quand Patrick me montre ce qu’il ferait d’un de mes textes, et qu’avec son génie de la dérision tendre il exprime tout ce que j’ai rêvé d’y mettre et même plus; et déprimant quand je tente laborieusement d’en faire autant – avez-vous déjà essayé d’emboîter le pas à un elfe en étant vous-même chaussé de souliers de scaphandrier? Mais on y retourne, on remet le métier sur l’ouvrage à moins que ce ne soit l’inverse, et petit à petit on creuse, on grave, on avance… On pê-hê-hêrceu!