Et sur le plancher des vaches, c’est pas mal non plus


Le ci-devant cognassier est fidèle au rendez-vous comme un syndicaliste amoureux, le lonicera embaume tout ce qu’il sait, les primevères ont renoncé à fleurir toute l’année mais se rattrapent en colonisant le monde comme si elles ignoraient jusqu’à l’existence du gel, les narcisses pointent le nez avec une vigueur à la limite de l’obcénité… Bref, les nouvelles de mon jardin ressemblent à celles de tous les jardins: banales et miraculeuses.


J’ai une tendresse toute particulière, que dis-je, une reconnaissance, pour les végétaux qui fleurissent en hiver. Hivers météorologiques comme hivers personnels (et, bien sûr, du haut de mes trente-quatre quasi canoniques ans je suis assez vieille pour avoir connu quelques hivers hors saison), le propre des hivers est de donner une trompeuse impression d’immobilité. L’hiver, c’est la seule saison où aujourd’hui ressemble à hier jusqu’à faire douter de la possibilité d’un demain. Doute infondé, bien sûr, tous les jardiniers le savent (même les incapables comme moi): sous les airs de dormance, c’est une année de fleurs et de fruits qui se prépare jour après jour. Tout ce petit peuple qui fleurit en janvier est là pour nous le faire savoir, à nous qui, ballots, ne voyons pas sous terre: le temps ne s’arrête pas et demain est déjà là, tout parfumé de nouveauté et de chèvrefeuille.