De l’Orgueil, des Haultes Technologies et du Maître Belge

La mise au point d’un site personnel est l’occasion d’une aimable tambouille de vanité, de scrupules et de naïvetés de toute sorte – et pour tout l’orgueil dont je suis capable je n’ai au moins pas celui de me croire exception à la règle.


Heureusement, l’antidote est à portée de la main. Il se trouve que, pour les besoins de la cause (voir courrier précédent) et n’écoutant que mon inconscience, je travaille  “Voir un ami pleurer” de Brel.

Oh, signer un texte comme celui-là…

Brâmer que j’en serai à jamais incapable serait encore un orgueil déguisé. Disons alors que je VOUDRAIS, très, très fort, y arriver un jour…


Pour mémoire, le voici, ce texte, même si l’absence de musique ne lui fera pas justice (répétez après moi: “une chanson, ce n’est pas un poème”):


“Bien sûr il y a les guerres d’Irlande

Et les peuplades sans musique

Bien sûr, tout ce manque de tendre

Et il n’y a plus d’Amérique


Bien sûr l’argent n’a pas d’odeur

Mais pas d’odeur vous monte au nez

Bien sûr on marche sur les fleurs

Mais voir un ami pleurer


Bien sûr il y a nos défaites

Et puis la mort qui est tout au bout

Le corps incline déjà la tête

Etonné d’être encore debout


Bien sûr les femmes infidèles

Et les oiseaux assassinés

Bien sûr nos cœurs perdent leurs ailes

Mais voir un ami pleurer


Bien sûr ces villes épuisées

Par ces enfants de cinquante ans

Notre impuissance à les aider

Et nos amours qui ont mal aux dents


Bien sûr le temps qui va trop vite

Ces métros remplis de noyés

La vérité qui nous évite

Mais voir un ami pleurer


Bien sûr nos miroirs sont intègres

Ni le courage d’être juif

Ni l’élégance d’être nègre

On se croit mèche, on n’est que suif


Et tous ces hommes qui sont nos frères

Tellement qu’on n’est plus étonné

Que par amour ils nous lacèrent

Mais voir un ami pleurer.”